Samedi matin, 9h54.
Je suis cool, je traîne nonchalante dans le salon où les enfants bricolent, mon mari veut nous cuisiner une nouvelle recette. Il me rappelle, en passant, qu’une maman de l’école nous a proposé d’aller ensemble avec les enfants au marché de Noël de Trier, en train. Je suis enthousiaste, j’acquiesce.
» Ben le train part à 11h14 de la gare de Luxembourg. » annonce-t-il.
Genre dans une heure, toute la famille est habillée et attend sur le quai de la gare ???
Je regarde mon mari le visage ahuri, un peu comme le dans le tableau de Munch. Quand, je pense que ce samedi matin, j’avais réussi à être cool un quart d’heure. C’est parti : je sors les habits des enfants et j’invite ma fille à se changer alors que je prends une douche éclair. Pendant que je me sèche les cheveux, j’attire mon fils pour commencer à lui enlever son pyjama de la main gauche quand soudain, je me demande où est mon mari.
» Je prépare le repas de ce soir, comme ça quand on rentre, c’est prêt ! » lance-t-il fier. On n’a plus que vingt minutes devant nous, et mon mari, telle une mère juive nous prépare des boulettes… Je suis passé au stade Hannibal Lekter et à 10h50, on était tous habillés devant la voiture avec le sac couches/biberon du petit.
SMS de la maman : On vous prend les billets de train ?
Ben, comment dire…c’est plutôt inespéré comme proposition parce que vu notre timing, la file de cinq minutes au guichet, ce n’est même pas imaginable…
On arrive au parking de la gare. Blindé. Au deuxième étage au fond, il y a une place : la fameuse place étroite où on peut se garer mais pas ouvrir les portes pour extraire les enfants. On se débrouille, on sait qu’on va sortir en courant, attacher le petit dans la poussette, courir, porter la poussette dans l’escalier parce qu’on n’a pas le temps de chercher où ils ont planqué l’ascenceur. Je suis défaite.
SMS de la maman : On a oublié le téléphone, on a vite fait l’aller-retour à la maison, pouvez-vous prendre les billets ?
Là j’avoue… après avoir vu 11h03 sur ma montre, je me suis demandée si tout le monde vivait dans une autre dimension temporelle que moi.
De toute manière, il fallait courir. On a couru et dévalé l’escalier comme on a pu, au guichet sur le chemin, ils nous ont dit qu’ils s’occupaient que du parking, alors on s’est dit qu’on achèterait les billets dans le train. On s’est demandé si on aurait pas du prendre deux poussettes. On a découvert que évidemment le train partait du quai le plus éloigné…
Dans le tunnel vers le quai, il y avait trois adultes, deux enfants et une poussette qui couraient aussi, nos copains du rendez-vous avec lesquels on est monté in extremis dans le train.