J’ai pris l’avion seule pour rejoindre mon mari et mes enfants à Madrid. Ça a commencé fort, j’ai cassé la roue de la valise en la balançant au comptoir d’enregistrement. J’ai dû signer une décharge, si la roue avait pu tenir deux minutes de plus, j’aurais pu réclamer des dommages à la compagnie aérienne… bref… le karma. On me propose une place à l’arrière. Je demande l’avant… Intuition. Je pense à mon mari, courageux qui a pris l’avion, il y a trois jours, avec les loulous de vingt mois et trois ans et demi.
La tranche d’âge 18-24 mois est la pire en avion. Avant 18 mois, on peut lui faire un méga biberon bien chaud qui le met KO, après 24 mois, il a son siège et on peut le divertir. Entre 18 et 24 mois, on se retrouve écrasé par une masse, fixée à sa ceinture de sécurité, qui bouge et attrape le journal du voisin, empêche de boire, pousse et nous toise, l’air ahuri : « Tu n’imagines quand même pas une seconde que je vais rester sans bouger, ici, pendant 2h25 ? ». Dans ces conditions, si le voyageur de devant décide de baisser son siège, on ne peut plus respirer, il n’ y a plus de place.
Embarquement. Dans le bus qui mène à l’avion, deux enfants hurleurs hyperactifs se manifestent. Un des deux gronde une phrase que seuls les enfants du Luxembourg peuvent construire, une phrase avec trois mots en trois langues différentes : « De Fliger !!! Vamos now ! » En gros : L’avion, on y va maintenant. On parie sur le père espagnol, la mère anglaise et l’école luxembourgeoise. S’il n’avait pas cinq ans, on pourrait croire que ce petit bonhomme agité a descendu une caisse de Redbull. Je ne participe pas au mouvement du regard réprobateur des passagers ; je suis pragmatique, je me concentre, je vois que le père a sorti les tickets et indique à sa famille qu’ils sont assis à l’arrière de l’avion. Je m’installe tranquillement à l’avant de l’avion pour un voyage cool.